Principes de la démarche logique

Principes de la démarche logique
Principes de la démarche logique

Toute activité de pensée philosophique digne de ce nom demande d’en poser clairement les bases. Certaines d’entre elles peuvent être des axiomes, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas considérées comme utiles à démontrer et il est parfois d’ailleurs impossible de le faire. D’autres peuvent être justifiées au fur et à mesure du développement de la pensée, cependant, puisqu’elles font partie intégrante de cette dernière, elles s’inscrivent dans un principe de raisonnement circulaire (on explique une idée en s’appuyant dessus).

Il ne faut cependant pas rejeter cet effort car, sans celui-ci, toute pensée se repose sur du vide et tend à demeurer floue, insaisissable et donc passablement inutile, quand cela n’augmente pas considérablement les chances de raconter n’importe quoi.

Dans la pensée que je propose, j’émets trois irréductibles affirmations de base. La première est un axiome, la seconde un principe qui se soutient lui-même et la troisième est une délimitation philosophique arbitraire :

  • nous construisons notre pensée à partir de ce que nous expérimentons du monde, ce qui signifie que le fait d’existence (la forme) ne peut être déduit, et doit donc être admis

  • il existe une vérité unique qui peut être approchée par un examen attentif quoique toujours faillible du monde, qui s’appuie une démarche logique la plus rigoureuse possible, n’admettant pas de possibilité de contradiction simultanée mais seulement une définition ou une indéfinition des objets, toutes deux réactualisables

  • les sujets philosophiques abordés ne le seront qu’à la condition qu’ils se rapportent à des phénomènes raisonnablement accessibles à l’expérience

Les deux premières bases sont nécessaires pour entamer et concentrer tout processus de réflexion, en l’absence de l’une ou de l’autre, il devient en fait tout simplement inutile de procéder. L’absence de la première rend caduque le simple fait d’être et l’absence de la deuxième rend caduque le fait d’exprimer (absence de sens).

La troisième proposition est ce que l’on pourrait appeler un impératif pragmatique. Ici, c’est surtout le terme “raisonnablement” qui pose un problème de sens, car il peut évoquer bien des choses différentes. L’avantage de ne pas le définir outre mesure est de pouvoir le faire évoluer en fonction des contextes et des découvertes et chacun aura censément sa propre perception de ce qui est raisonnablement accessible à l’expérience. Cependant, cet impératif pragmatique est nécessaire pour ne pas abîmer ses réflexions philosophiques dans des minuties infinies et artificielles, un phénomène que l’on rencontre beaucoup en philosophie et en mathématique et qui, s’il peut parfois être amusant ou déboucher sur des applications dans quelques rares cas, laisse aussi la porte ouverte à n’importe quoi. Ici, c’est d’abord ma propre volonté de comprendre certains phénomènes qui me motive dans mes recherches et il s’agit donc d’un impératif volontaire que je me fixe et qui me permet de justifier pourquoi je mets régulièrement des voiles sur des réflexions possiblement justes mais qui tendent à s’éloigner de la réalité tangible. Il est ainsi possible que vous lisiez dans certains de mes articles que je n’ai pas jugé pertinent d’approfondir tel ou tel point.

Par ailleurs, à travers ces derniers, des notions supplémentaires seront apportées au fur et à mesure, qui viendront enrichir la compréhension des trois bases de travail que je viens de citer.

Aussi, compte tenu de la possibilité de réactualisation des connaissances induite par la deuxième affirmation : il est tout à fait possible que je rectifie parfois certaines des déductions que je propose. En effet, ma démarche de connaissance est permanente et il se peut que je change d’avis sur certains points à la lumière de nouveaux entendements. Cela ne présage d’ailleurs pas nécessairement d’une meilleure ou plus mauvaise compréhension du monde de ma part, simplement d’une volonté sincère d’approcher la vérité et il reste tout à fait possible que je m’éloigne parfois malgré moi de cette dernière alors même que je cherche à m’en approcher.