Forme et matière


Le concept de matière est assez particulier à employer car il revêt différents sens en fonction des gens qui l’emploie et du contexte dont on parle, qu’il soit scientifique, philosophique ou même théologique.
Il est assez commun d’opposer au concept de matière le concept d’essence. C’est assez peu pratique car, comme nous l’avons vu, toute forme naît d’une essence qui a été manifestée par la dyade primordiale. Il ne s’agit donc pas d’une opposition, ni même éventuellement de deux principes complémentaires car la matière est déjà la forme tangible produite par la rencontre féconde entre les principes essentiel et matriciel.
L’idée-matière est aussi parfois employée, comme un élément non déterminé tant qu’il n’a pas été informé par une essence. Si cette approche est assez similaire à celle que je propose, elle pose le problème de la nature de cet élément indéterminé. En effet, il semble que la réalité ne propose que des choses déterminées, plus ou moins (selon la mécanique quantique, certaines sont partiellement indéfinies, mais elles ne sont pas pour autant dépourvues de la moindre définition).
Cela signifie que l’idée-matière indéfinie n’existe pas à proprement parler et invoquer ce concept me semble superfétatoire dans le sens où cela ajoute une complexité inutile à la dyade primordiale précédemment décrite. Et si celle-ci admet bel et bien le principe d’essence informante, elle ne présente pas le principe matriciel comme une matière inerte réceptive à l’information mais bien comme un principe agissant, une notion déduite que je n’aurai de cesse de justifier à travers mes articles et qui facilite grandement la compréhension des phénomènes réels masculins et féminins et parmi eux, l’homme et la femme, et leurs interactions.
La vision matière/information n’est pas en soi erronnée mais elle n’apporte pas grand-chose en termes de compréhension du monde, notamment parce qu’elle n’est pas d’une grande aide dans l’analyse des formes bisexuées. Il s’agit d’une dyade, comme il en existe d’autres, mais assez peu puissante pour comprendre notre réalité.
On prétend aussi souvent que la matière est une dimension particulière et que ce qui serait présent dans « d’autres dimensions » ne tiendrait pas de la matière. On dit par exemple que le monde matériel est un monde d’expériences et qu’il est possible de s’en extirper par la sagesse (illumination), que, dans « l’au-delà », nous cesserions en quelque sorte d’être nous-mêmes matière et deviendrions esprit.
Toutes ces explications me semblent peu satisfaisantes car elles sont produites de façon locale et contextuelle et ne tiennent pas compte des dynamiques d’ensemble. En fait, j’emploie moi-même plus volontiers le terme de forme que le terme de matière pour éviter cette malheureuse ambiguïté. En effet, il est évident que l’idée d’un au-delà non matériel est absurde. Si je peux accepter l’idée qu’il existe des dimensions qui n’ont pas les mêmes caractéristiques que ce que nous expérimentons à l’état d’éveil sur Terre, il apparaît illogique d’accorder des natures fondamentalement différentes à des formes sur un plan matériel et des formes sur un plan dit spirituel, cela est en réalité un jugement de valeur très artificiel.
Le principe de forme est consubstantiel au principe d’existence, c’est pour ainsi dire la même chose et ce, peu importe les caractéristiques des formes considérées, qu’il s’agisse d’une particule, d’une onde, d’un objet matériel ou « immatériel » (comme le contenu d’un ouvrage), d’un plan terrestre ou astral, cela ne change rien. Il y a ce qui a une forme et ce qui n’en a pas (comme les essences pures qu’on ne peut faire que deviner sans jamais les saisir tout à fait). En cela, les notions d’inconscient collectif, de trame universelle ou d’archives akashiques, peu importe la teneur qu’on leur donne, sont des formes.
Cette approche est non seulement plus rigoureuse mais elle a aussi l’avantage de ne pas créer de contradictions dès lors que nous découvrons des formes d’existence nouvelles, comme c’est le cas récemment dans le domaine scientifique avec la mécanique quantique. Le fait par exemple qu’il existe des incertitudes de présence locale chez les photons ne change rien au fait que ces photons sont bel et bien des formes, ils ont simplement des caractéristiques plus complexes et subtiles que ce que l’on croyait auparavant, caractéristiques qui ne remettent pas du tout en question le principe de forme et le fait qu’il continue de s’appliquer dans le contexte considéré.
Aussi, s’il m’arrive de parler de matière dans mes articles, je ne l’emploierai que dans le sens générique de substrat de base aux formes, je ne l’emploierai pas dans l’idée de créer une différenciation entre des formes qui seraient d’une certaine nature et des formes qui en seraient d’une autre. J’emploierai en l’occurrence d’autres termes, probablement inspirés du monde scientifique, pour peu que je les considère satisfaisants. Et s’il m’arrive d’inventer des termes nouveaux, je prendrai bien entendu le temps de les expliquer.